Jeunes ruraux : l'impact des difficultés de mobilité sur leur vie quotidienne.
L'Institut Terram (think tank des collectivités territoriales) a réalisé une étude sur la mobilité des jeunes âgés de 15 à 29 ans du 1er au 10 mars 2024. L'impact des mobilités est important sur leur vie quotidienne :
Les jeunes ruraux passent en moyenne 2h37 par jour dans les transports contre 1h55 pour les jeunes urbains.
53% des jeunes urbains considèrent que leur territoire est mal desservi par les réseaux de bus et 62% par les réseaux SNCF. Il y a même un département qui n'est pas du tout desservi par la S.N.C.F. : l'Ardèche.
69% des jeunes ruraux dépendent quotidiennement de la voiture contre 31% des jeunes urbains.
Les distances à parcourir peuvent être des freins dans de nombreuses activités : se rendre en cours, recevoir des soins, s'engager dans une association, faire les courses, etc. 49% des jeunes ruraux ont ainsi renoncé à la pratique d'activités culturelles. Les renoncements sont beaucoup moins importants chez les moins de 18 ans, les trajets étant assurés par les parents.
L'éloignement des grandes villes influence les parcours d'orientation des jeunes ruraux. En effet, l'offre de formations post-bac est concentrée dans les grandes villes, ce qui a un coût financier et matériel. Dans mes études quali, j'ai pu constater que certains jeunes ruraux en viennent à réduire leur choix de formations, soit en s'axant sur des formations plus accessibles géographiquement (B.T.S dans les lycées, par exemple), soit en s'inscrivant dans des établissements peu valorisés, mais plus proches, comme certaines écoles privées aux coûts d'inscription élevés mais aux taux de réussite très faibles (BTS).
Le parcours professionnel est également impacté par cet isolement géographique : 38% des jeunes ruraux en recherche d'emploi ont renoncé à un entretien par manque de moyen de déplacement contre 19% des jeunes urbains. Par ailleurs, lorsqu'ils sont en emploi, les jeunes ruraux ont un budget déplacement en moyenne 71% supérieur à celui des jeunes urbains, ce qui les amène à refuser certaines opportunités professionnelles. Ajoutons à cela que 45% des jeunes ruraux ont eu des difficultés à se rendre sur leur lieu de travail à cause de l'éloignement et/ou de difficultés de transport.
Au final, cette distance géographique favorise un sentiment d'être mis au ban de la société. Ainsi, les jeunes ruraux votent deux fois plus pour le Rassemblement National que les jeunes urbains. Plus ces jeunes habitent une zone géographique isolée, plus ils votent pour ce parti. De même, plus leur niveau de diplômes est faible, plus leur vote pour le Rassemblement National est accentué. En effet, dans les médias et en politique, les discours autour de la valorisation des transports en commun et de la mise à distance de la voiture doivent leur sembler inaudibles étant donné leur dépendance à ce mode de transport.
Pour avoir accès à l'intégralité du rapport, c'est ici :
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