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Les punitions ? Les sanctions à l'école ? Plutôt contreproductif...

  • Photo du rédacteur: Catherine Pinet-Fernandes
    Catherine Pinet-Fernandes
  • 13 mai
  • 3 min de lecture

Depuis plus de 20 ans, je forme les professionnel.le.s de l'enfance (animateur.trice.s périscolaires, A.T.S.E.M., etc.) à la gestion des comportements difficiles. Et, je répète à l'envi que les punitions et, même, les sanctions "éducatives" permettent rarement d'améliorer à moyen et long terme le comportement des enfants.


Lors de mes formations, je propose aux professionnel.le.s toute une batterie d'outils et de postures pour gérer ces groupes d'enfants. Et ça marche ! Lors des retours d'expériences, les stagiaires le confirment.


Un enfant renverse un verre ? de la peinture ? Demandons-lui avec un ton calme de nettoyer ou de nous aider à nettoyer en fonction de l'âge. Ce n'est pas une "sanction" et ce ne doit pas être formulé en tant que telle. C'est une participation à la vie en groupe de manière à tout se passe au mieux pour tous.


Un enfant déborde d'émotions et fait une crise de colère ? Cette crise de colère est déjà une sanction pour lui. Ce n'est pas un moment agréable. Favoriser des conditions optimales pour qu'il puisse se calmer est essentiel. Il est inutile par la suite de lui faire des remontrances voire de la punir, ce qui risque de faire déborder une fois de plus son état émotionnel déjà fragile, à cet instant-là.


Et, bien sûr, une des stratégies que j'évoque systématiquement pour limiter les comportements perturbateurs dans un groupe d'enfants est le renforcement différentiel pour tous.


Irène Freyssinet, chercheure en sciences de l'éducation, a eu la brillante idée d'évaluer cette approche. En effet, elle percevait bien que les sanctions, bien loin de décourager les enfants, leur permettait de monopoliser l'attention de l'enseignant.e. Elle a recruté 28 enseignants volontaires dont elle a filmé les classes, dans une première phase, pour évaluer la fréquence des comportements perturbateurs. Puis, elle a formé la moitié des enseignants à une méthode consistant à :

  1. Réagir le moins possible aux comportements perturbateurs sauf si la sécurité des élèves est en jeu.

  2. Renforcer les comportements adaptés avec des encouragements et des félicitations.


Les 14 enseignants non formés constituaient le groupe témoin et devaient conserver leurs habitudes de travail.


Les résultats sont clairs : après un "pic d'extinction" (augmentation transitoire des comportements perturbateurs car la nouvelle norme de classe n'est pas encore intégrée par les élèves), une baisse de 77% de comportements perturbateurs a été observée, en moyenne dans les classes où les enseignants ont été formés. Toutes les classes de la Petite Section au CM2, avec ou sans enfant porteur de handicap, sont concernées par cette baisse.


L'évolution est, logiquement, plus aléatoire dans les classes témoins.


Intéressant : certains professeur.e.s formés n'ont pas perçu cette baisse et ont considéré cette méthode comme peu efficace car elle ne concernait pas certains comportements ne présentant pas un frein pour les apprentissages comme manipuler des objets, dessiner, rêvasser, etc.


Voilà qui conforte les observations que j'avais déjà réalisées de manière moins systématique sur le terrain. Tous les outils démultipliés dans certaines collectivités : les contrats signés avec les élèves, les ceintures de comportements, les échelles de sanction (oui !), etc. sont souvent des usines à gaz qui ont plutôt tendance à éloigner les enfants de l'objectif fondamental des règles en collective : le plaisir de vivre ensemble.


Pour en savoir plus :

La thèse de doctorat d'Irène Freyssinet : Irène Freyssinet. Prévenir et arrêter les comportements perturbateurs en classe. Education. Université Grenoble Alpes [2020-..], 2024. Français. ⟨NNT : 2024GRALH008⟩. ⟨tel-04720019⟩. Consultable ici : https://theses.hal.science/tel-04720019

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